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(28)
Il faut compter
avec le basque ! (1ière partie) |
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A priori, rien ne semble correspondre
dans tout ce qui tourne autour de la numération basque avec les référents
indo-européens, à commencer par le système «
vigécimal » [1] comprenant, au-delà des unités,
des vingtaines, au lieu de « dizaines ». Quoi que
puisque les langues celtiques (pourtant clairement déclarées
indo-européennes) se fondent comme le basque sur la « base
20 » dont persistent en français quelques séquelles
avec les dénominations « quatre vingt dix
et suivants
» ! Mais, derrière une numération basque apparemment éloignée des formes indo-européennes, se cachent parfois des correspondances plus subtiles. |
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Et de UN ! | ||||||||||
"Onze" se dit en basque HAMEKA,
composé de HAM(AR) "dix" + EKA probablement
mis pour "un"
puisque, étonnamment, le sanskrit
a
ékaə "seul,
un" ! Et pourtant, le basque a le mot BAT pour le nombre "un" que l'on retrouve dans les termes HAMBAT "autant" et ZEMBAT [2] (ou ZOMAT en souletin [3]) "combien". |
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Or, en face du premier, HAMBAT "autant", signalons le vieux perse hama- "un, tout, même" ! (donc proches pour le sens) et en face du second, ZEMBAT/ZOMAT "combien", citons le sanskrit samá "un, ensemble", similitude providentielle des termes en rappelant aux sceptiques invétérés que la providence divine s'oppose au hasard ! | ||||||||||
Et de DEUX ! | ||||||||||
Au-delà du moderne BI(GA)
"deux", qui est sans doute en rapport avec le préfixe latin
bi-, le basque recèle d'autres
formes du même chiffre que l'on peut révéler/déceler
par la comparaison avec d'autres langues indo-européennes. Ainsi, en face du sanskrit ardhā "demi, la moitié" et ardhe "au milieu de" ou "réduit de moitié", nous avons curieusement le basque ERDI "moitié" ! Et, pour traduire "deux et demi" le sanskrit utilise l'expression ardhatŗtīya c'est-à-dire littéralement "moitié [à] trois". Ceci dit, une des caractéristiques des langues indo-européennes est l'ensemble des trois formes que peuvent prendre les mots (ce que les linguistes appellent paradigme) : le singulier, le pluriel et le DUEL (2 unités). Or, l'on retrouve aussi des traces de DUALITE dans certains mots basques souvent marqués par un préfixe B-/BE-/BI-. En voici quelques exemples : BUZTARRI "joug", mot que nous avons déjà analysé comme "apparieur" [voir Article N° 25] ; BEGI "il" également déjà rencontré [Articles N° 20 et 21] ; BELAUN "genou" ; BELARRI/BEHARRI "oreille" ... |
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La
croix basque [en noir, moitié gauche] dite LAUBURU, littéralement
"4 têtes", est l'un des avatars du fameux SVATIKA [moitié droite en blanc] (du sanskrit signifiant "ce qui porte chance") |
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Cela a amené Eñaut ETCHAMENDY à s'interroger sur l'origine du basque ZORTZI "huit". Il remarque que la terminaison TZI pourrait bien traduire le nombre "dix" compte tenu d'une certaine proximité avec la forme qu'en donnent certaines langues indo-européennes comme le vieux haut allemand zig, l'allemand moderne zehn (sachant que le Z se prononçe TZ) ou l'aroumain dzatsi [4]. D'où l'idée de décomposer ZORTZI, sur le modèle de ardhatŗtīya, en ZOR + TZI, c'est-à-dire littéralement "deux [à] dix" où ZOR serait alors une possible expression de "deux" [5]. | ||||||||||
[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique. [1] Voir dans notre initiation
au basque "batua" ("unifié" de BAT
"un"). |
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Article suivant consacré
aux nombres |