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(20) Il suffit d'ouvrir
les YEUX ! (1)
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Petit coup d'il rétrospectif | ||||
Nous nous sommes ingéniés jusqu'ici à souligner les ressemblances surprenantes qui pouvaient exister entre des termes basques et ceux qui furent utilisés par des peuples indo-européens antiques et, surtout, ayant vécus très loin du territoire euskarien. Nous ne doutons pas pour autant que le basque ait emprunté certains termes de son vocabulaire à ses voisins de proximité indo-européens. | ||||
En revanche, il est plus douteux qu'une racine authentiquement indo-européenne ait littéralement envahi l'ensemble des mots d'une même famille lexicale euskarienne, proches par le sens sauf à admettre que le basque a quelque parenté avec les langues indo-européennes ! Il en est ainsi de la racine indo-européenne, déjà évoquée, synthétisée par l'expression /W(h) o/e L-/ [1] que l'on retrouve dans un champ étendu de mots basques ayant tous en commun cette idée de « tourner, renverser ». [voir notre Article N° 8 : "Ça tourne !"] | ||||
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A y regarder de plus près | ||||
Ladite racine a induit sur le « continent indo-européen » une grande variété de formes dont certaines sont assez fidèles au modèle comme oko en vieux slave (mais aussi en polonais, serbe et slovène modernes) et oculus en latin ; d'autres s'en éloignent (de faiblement à beaucoup) comme óφθαλμóς [óphtalmós] en grec (k et p étant souvent interchangeables en grec ancien selon Chantraine) [3], ákṣi en sanskrit, augo en gothique (et Auge en allemand moderne), eye en anglais (mais ēag̍e en vieil anglais), | ||||
IKUS, qui peut également prendre la forme EKUS [4], serait donc dans une bonne moyenne, en tout cas mieux « placé » que BEGI "il" mais c'est un « trompe l'il » car ce terme est le résultat très probable de la composition de B(E) "deux" + (E)GI, avatar du fameux O (ou ə) kw [5]. A noter, chemin faisant, que le dérivé de IKUS « IKUSTATE » "égard, considération" [6] est assez proche du sanskrit ikṣate "il regarde", ce qui n'est sans doute pas une coïncidence compte tenu de la remarque d'Eñaut ETCHAMENDY soulignant la proximité des termes IKUS et IKAS "apprendre", car « on "apprend" en voyant comme on "sait" parce qu'on "a vu" ». | ||||
Ainsi, IKAS "apprendre" et JAKIN/XAKIN [7] "savoir" appartiennent aussi très probablement à cette grande famille des mots basques intégrant la même racine indo-européenne /o / ə Kw/. | ||||
Les yeux dirigés vers
le Pays basque sont tout étonnés d'y découvrir la
même racine que la leur.
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La liste des mots du vocabulaire basque
se rattachant à la famille indo-européenne « Okw
/ əkw » est encore longue. Aussi, nous poursuivons
l'analyse dans l'article prochain que nous avons nommé « Avoir l'il à tout ! ». |
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[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique. [1] /W(h)
o/e L-/ synthétise
pour mémoire les radicaux /wel
/wol /whel /whol
/ et par extension /wal /wul
/. Voir ou revoir notre article « Ne
perdez pas le fil ! (ou Ça tourne !) ». |
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Article suivant ("Avoir l'il
à tout")
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