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Les mêmes hauts et
bas ...
indo-européens ! |
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Dans l'article précédent, consacré
au « meilleur » et plus généralement aux «
plus quelque chose », nous n'avons pas évoqué le basque
HOBEREN "le mieux, le meilleur" construit pourtant sur
le même modèle que les termes que nous avons analysés,
à savoir : un superlatif de HOBE "mieux" obtenu
par l'adjonction du suffixe comparatif -(R)EN (le R n'étant
là que pour la phonie).
C'est que HOBE a quelque chose de plus : sa très probable filiation
avec une racine authentiquement indo-européenne souvent représentée
par l'expression « (s)up- »
que l'on retrouve, par exemple, dans tous nos termes français
à base de SUPER (et dans les termes sanskrit upári
"au-dessus" et grec ὕπερ
[huper] "sur, au-dessus de, en dépassant"). HOBEREN
signifierait donc littéralement "le plus élevé,
le plus haut" [1]. Et ce qui accrédite, notre hypothèse,
c'est que le basque offre d'autres exemples encore plus évidents
de termes intégrant la fameuse racine. |
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Les
mêmes hauts ... sans débat ! |
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Le verbe UPATU signifie "lever, se
lever, élever, hisser" [2] que l'on retrouve presque intact
dans HURRUPATU "avaler, absorber (un liquide)" dont vous
aurez reconnu le premier élément (H)UR(R) "eau"
; donc, littéralement, HURRUPATU signifie "remonter de l'eau"
c.-à-d. "laper, lamper, gober". |
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Autre terme, englobant le précédent,
ZURRUPATU signifiant "absorber, sucer" (mais aussi "gruger").
Ce dernier terme est vraisemblablement proche du français absorber,
lui-même issu du latin sorbeō
"avaler, engloutir, gober, absorber"
mais, compte tenu
des pièces du puzzle que nous avons évoquées pour construire
notre terme basque, celui-ci ne peut pas être le résultat
du simple emprunt à ses voisins latins des mots de la même
famille. |
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Des
bas ou ... l'écume de racines indo-européennes
! |
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Nous avons également le terme AP(H)AR
"écume, mousse", dont tant le sens que la forme se supperposent
au mot grec ἀφρός
[aphrós], à propos duquel Eñaut ETCHAMENDY fait l'hypothèse
d'une équivalence des radicaux AP- et UP-
pour en expliquer
l'origine : "ce qui fait/forme le haut".
Mais, selon lui, la deuxième partie du terme « -AR »
serait une variante de -(H)ER signifiant "terre (Cf. Article
3). Ainsi, APHAR pourrait simplement signifier "au-dessus de
la terre", et cette hypothèse est d'autant plus crédible
que nous sommes face à un faisceau d’indices convergents :
- Nous avons en basque HONDARRA "dépôt, décantation,
fond" et pour les habitués des plages basquaises "sable",
c’est-à-dire … "au-dessous de la terre" ;
- À cet égard, le préfixe HOND- ne vous apparait-il
pas être un parent proche des mots anglo-saxons «
undar/under/unter
» "sous" [la terre ?] ;
- Le sanskrit a le terme adhara
signifiant "au-dessous, inférieur, vers le bas, plus bas"
[… que terre ?] ;
- Le terme inférieur (calqué
sur le latin inferus) et, symétriquement,
supérieur (superus)
ne contiendraient-ils pas le niveau de référence terrestre
« ER » ?
- Le basque a encore BEHERE signifiant "le bas, le dessous"
[de la terre ?] qui pourrait s’opposer à HOBERE(N) le
meilleur", mais peut-être aussi "celui qui est au-dessus"
des vulgaires terriens ? |
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Pays
basque |
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Autres
pays indo-européens |
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UPATU
"lever, se lever, élever, hisser" |
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(s)up-
indo-européen
grec ὕπερ
[huper]
"sur, au-dessus de"
sanskrit upári
"au-dessus" |
HURRUPATU
"avaler, absorber (un liquide)" |
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AP(H)AR
"écume, mousse" |
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grec
ἀφρός
[aphrós] "écume" |
HONDARRA
"dépôt, fond, sable" |
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sanskrit
adhara
"au-dessous, plus bas, inférieur, vers le bas" |
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En
résumé |
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Les mêmes « hauts » basques et
indo-européens /(H)OB-/(s)up/ὕπερ
[huper]/… ne seraient-ils pas issus d’une onomatopée
pour désigner (en imitant son cri) la huppe, cet oiseau à
la crête remarquable (nom savant latin : Upupa)
et en grec [epopos] ? Si tel était le cas, nous aurions là
une étymologie de haute lignée !
Les mêmes « bas » basques et indo-européens /HOND-/und-/unt-/inf-/[3]
n’auraient-ils pas un rapport avec le terme basque (H)OIN "pied"
(?) comme le basque BE-/PE "partie inférieure" ne
pourrait-il pas être rapproché de la racine indo-européenne
« -ped » "pied"
qui apparaît, par exemple, dans le grec πέδον
[pédon] "pied" ?
Enfin, si le haut du pavé indo-européen est bien toujours
le Sanskrit et si nous invoquons (avec forces arguments) la liberté
de penser que le basque ne doit pas être exclu de manière aussi
dogmatique qu'aujourd'hui (et depuis plus d'un siècle) du champs
linguistique indo-européen, le présent article pourrait s'intituler
: sous les pavés, la plage ! |
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[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation
des termes grecs (en bleu) à
l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots
"en bleu italique" sont également
écrits à l'aide du même alphabet phonétique. |
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[1] On peut d'ailleurs se demander si l'allemand
heben "lever, soulever" n'est
pas de la même famille. En effet, il se conjugue en hob
au passé (ich/er/sie hob
"je/il/elle levai(s/t)", gehoben
"levé") et une définition donnée dans un
dictionnaire germano-germanique est nach oben bewegen
"déplacer vers le haut" où oben
signifie haut ! |
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[2] Dictionnaire basque-français de Pierre
LHANDE (1926) |
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[3] Di inferi
"les Dieux souterrains" en latin |
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Article précédent consacré
aux superlatifs |