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(24) Un mot en
entraîne un autre !
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Autres points de convergences de la langue ancestrale des basques et des langues indo-européennes : des constructions de mots et d'expressions étonnamment ressemblantes. Donnons-en quelques exemples. | |||||||||||||||
Des constructions similaires | |||||||||||||||
pour former des noms abstraits | |||||||||||||||
Dans le prolongement du basque EDER "beau",
nous avons EDERTASUN "beauté" ainsi que, pour LUZE
"long", LUZETASUN "longueur "
et le phénomène
est reproductif pour faire de beaucoup de qualificatifs des substantifs
abstraits. Les tenants de l'influence des langues environnantes sur le vocabulaire
basque y ont vu aussitôt l'emprunt au latin du suffixe « -tas
» qui fait passer de l'adjectif au substantif correspondant comme
par exemple : civis "citoyen"
civitas
"citoyenneté", mais aussi insulsus
"inepte"
insulsitas "ineptie" comme
absurdus
absurditas ! En réalité,
le suffixe -TASUN est la contraction de deux suffixes -TAR
et -SUN (ou ZUN) [1] et, pour s'en convaincre, il suffit de
consulter le dictionnaire du souletin Pierre LHANDE (1926) dont la plupart
des substantifs abstraits se terminant dans la langue moderne par «
-TASUN » y apparaissent avec le suffixe « -TARZUN » [2]. |
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Même empilement de « qualificatifs -
abstraits - adverbes » avec des suffixes ressemblants
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Mais, en regardant
plus loin que le bout du
« nez en l'air » [3] (en Grèce antique par exemple),
beaucoup d'abstraits présentent le suffixe -συνη
[súnē] [4] comme κουροςύνη
[kourosúnē] "jeunesse" issu de κόρος/κουρος
[kóros, kouros] "enfant", à rapprocher peut-être
de HAURTA(R)SUN "enfance", issu de HAUR "enfant"
! Par ailleurs en grec ancien, les mots suffixés en -τήρ [-tḗr] sont légion comme βατήρ [batḗr] "seuil" lequel n'aurait-il pas un petit air de famille avec le basque ATARI "seuil" ? Et en regardant encore plus loin, au nord de l'Inde, nous avons le sanskrit bərətar "prêtre" (ou "qui porte des objets sacrés") face au basque BERETER "enfant de chur" ! |
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pour former des adverbes | |||||||||||||||
En partant des mêmes qualificatifs EDER "beau" et LUZE "long", l'adjonction du suffixe -KI conduit à EDERKI "de belle façon = bellement" et LUZEKI "longuement" et, là encore, le mécanisme est reproductif. Eh bien ! La même construction se retrouve parfois en grec avec les suffixes -χί ou -κις : πολύς [polús] "beaucoup, nombreux" πολλάκις [polakis] "souvent", τεμαχος [temakos] "morceau, pièces" τεμαχί [temakhi] "en tranches" comme dans les nombres tel que δέκα [déka] "dix" δέκακις [dekákis] "dix fois" | |||||||||||||||
En résumé | |||||||||||||||
Des suffixes de type clairement indo-européens
permettent la transformation d'adjectifs basques comme ARGI "clair"
en termes abstraits comme ARGITA(R)SUN "clarté"
ou ARGIKI "clairement"
Est-ce bien clair ? [5] |
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[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique. [1] Le suffixe « -TAR(R) » indique l'origine de toutes
choses ("qui tient de, qui est de") comme dans ZUBEROTAR
(=XIBEROTAR) "souletin = originaire de Soule". Mais,
il est également très proche des suffixes « -TARI
et -TER » introduisant la notion de "nécessité,
besoin", voire d'agent actif personnifié comme dans
PELOTARI "joueur de pelote". Quant au suffixe «
-SUN », il est probablement à mettre en relation avec
le suffixe « -DUN » "l'ayant, qui est doté de". |
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