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Pour mémoire : Les similitudes nombreuses du basque et de langues indo-européennes anciennes révélées à travers tous nos articles, ne peuvent pas être exclusivement attribuées à l'emprunt des Basques aux langues des peuples qu'ils rencontrèrent. Souvent même, nous pouvons supposer avec quelques raisons que ce pourait bien être l'inverse ... à suivre ...
(22) Vous avez dit BIZAR ? bizarre ! [1]
 
BIZAR désigne en basque la "barbe". Le mot est composé de deux termes : BI et ZAR. Le premier (BI) signifierait "être, devoir être" [2]. Le second (ZAR) est à rapprocher de /ZARRA-/ "(idée de) gratter, racler, etc." [3]. BIZAR signifierait donc "à gratter, qui doit être gratté ~ à raser".
 
/ZARRA-/ est sans aucun doute apparenté au mot ZORROTZ/XORROTX "aiguisé, tranchant" [3] ; or, ne trouvez-vous pas … bizarre qu'il ait un petit air de famille avec les mots grecs anciens suivants de sens voisins : ξυρόν [xurón] "vieux nom du couteau ou du rasoir", ξυροδόκη [xurodókē] "boîte à rasoir", ξυράω [xuráō] "raser" ? Toutes ces formes grecques sont à relier au verbe ξύω [xúō] "racler, frotter, gratter, écorcher …".
 
Par ailleurs, le rapprochement peut être fait des mots basque ZORROTZ-I et grec χαράσσω [kharássō] qui ont rigoureusement la même signification "aiguiser" ? D'autant plus que, si l'on rappelle que l'instrument de l'Homme préhistorique pour « gratter/ racler/ couper » fut la pierre, ce n'est peut-être pas une coïncidence de passer aisément des initiales « Z » du premier au « χ [kh] » du second à l'aide des mots basque HARRI/K(H)ARRI "pierre" [4] et grecs χαράκες [kharákes] "murs, fortifications" /χαράδρα [kharádra] "ravin pierreux"/ χέραδος [khérados] "gravier, éboulis" ! Comme c'est étrange !
 
Trouvez-vous donc encore … bizarre que l'on puisse vous proposer de rapprocher des mots basques et grecs anciens tels que : K(H)ARRI "pierre" et κείρω [keirō] "couper, tondre" ; K(H)ARRAKATU "racler, gratter" et χαρακτήρ [kharactḗr] "graveur, signe gravé, empreinte, marque" ; ZARRAMASKI "griffure, déchirure, cicatrice" et χάραγμα [kharagma] "marque, empreinte, signe" ; ZERRA/XERRA "tranche" et χούρα [khoúra] "action de couper" … ?
 
Revenant, en guise de synthèse, sur BIZAR, il convient aussi de noter le sanskrit kṣurá "rasoir" où sont miraculeusement juxtaposées les lettres « Z/S » et « K »… comme c'est curieux ! [et] Quelle bizarre coïncidence ! [5]
 
Pays basque
Grèce antique
ZORROTZ =  
XORROTX  
"aiguisé, tranchant"  
 
ξυρόν [xurón]
"rasoir"

ξυροδόκη [xurodókē]
"boîte à rasoir"
     


HARRI /K(H)ARRI
"pierre"



K(H)ARRAKATU
"racler, gratter"
 

χαράκες [kharákes] "murs"
χαράδρα [kharádra]
"ravin pierreux"
χέραδος [khérados]
"gravier, éboulis"


χαρακτήρ [kharactḗr]
"graveur, signe gravé"
Détournement malicieux d'une scène du film culte de Marcel Carné « Drôle de drame » (1937) : Vous avez dit bizarre ?
 
 
[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique.
 
[1] Référence malicieuse au dialogue de Louis JOUVET et de Michel SIMON dans le film culte de Marcel Carné « Drôle de drame » (1937). Mais, le « Z » basque se prononce comme nos
« SS ou Ç ».
[2] Eñaut ETCHAMENDY rappelle que la racine reconstruite /*BE-/ (au singulier) et /*BI-/ (au pluriel) signifie "être, devoir être". On la retrouve par exemple dans BEDI (singulier) et BITE (pluriel) "que soi(en)t", il y a nécessité de".
[3] Dictionnaire basque-français de Pierre LHANDE (1926) :
- ZARRA- : ZARRA "traînage d'une pierre" ; préfixe de ZARRAMAZKATU/ ZARRAMIKATU/ ZARRAPATU "égratigner" ; ZARRASTA "déchirure" …
- XORROTX, synonyme de ZORROTZ "aiguisé, tranchant"
[4] Wikipédia / Racine K(H)AR (qui signifie 'pierre') jouerait un rôle important dans la toponymie européenne. ... [on la] retrouve non seulement dans des noms de hauteurs et de cités mais également dans de nombreux noms de rivière. Exemple basque : K(H)ARRIKA "rue, chemin bordé de murs en pierres sèches".

[5] Référence malicieuse aux paroles qu'Eugène IONESCO fait prononcer à Mme MARTIN dans sa célèbre pièce « La cantatrice chauve » (1950)